Transfer a été créé en 1991, Olivier est arrivé en 1992. Il a participé à l’évolution de la méthode IOD. A l’époque spécialisé dans l’évaluation, c’est à travers le Conseil Général de la Gironde et sa demande d’évaluation du RMI qu’Olivier rencontre les futurs créateurs de Transfer. Après une période consacrée à l’évaluation quantitative de la méthode pour suivre l’activité et les résultats des premières équipes IOD, il se concentre progressivement sur la recherche et la réflexion sur les pratiques d’accompagnement et d’intervention en entreprise. Il le fera en cherchant à sortir des trames et des procédures bien ficelées qu’imposait à l’époque la formation à la méthode IOD pour construire et faire vivre des stratégies reliées à des enjeux et des démarches expérimentales (issues aussi bien d’hypothèses théoriques que des intuitions des acteurs de terrain) pour les concrétiser. Il cherchera aussi à donner une place plus importante à la question du rapport institué avec les personnes (demandeurs d’emploi) accompagnées : la manière de les accueillir, de dialoguer avec elles, de leur proposer les offres, de les accompagner leurs mises en relation et leurs expériences…

Pouvez-vous nous donner votre définition de la méthode IOD* ?

La méthode IOD est une réponse au développement de la précarité, du chômage d’exclusion. C’est une histoire d’objectifs et de stratégie : des objectifs résolument sociaux qui entraînent une stratégie résolument économique.

D’abord, je commencerai par dire que la méthode IOD est un chantier permanent dans lequel s’engagent l’ensemble de ses acteurs. Il est important de comprendre qu’elle est n’est pas figée, elle évolue, s’adapte, s’approfondit, elle continue à tester, à bricoler, à expérimenter. C’est une dynamique permanente dans laquelle les chargé.e.s de mission IOD ne sont pas des exécutants mais des co-concepteurs.
Ensuite, je dirai que cette dynamique consiste en premier lieu à tirer progressivement le fil de la relation avec l’entreprise. C’est bien en mettant le pied dans l’entreprise que les acteurs IOD se sont aperçus que l’on pouvait faire bouger les choses de l’intérieur en créant des opportunités d’emploi puis en influençant les décisions de recrutement puis en suscitant des pratiques moins sélectives et plus intégrantes. Cela passe donc par de la mise en relation mais aussi par l’installation et l’accompagnement de situations nouvelles, dans l’analyse de la situation de travail, le recrutement, la mise en place des conditions de réussite du nouvel arrivant...

Pourquoi nous concentrer sur cette relation entreprise ? Parce qu’en analysant le fonctionnement du marché du travail et celui des entreprises, nous nous rendons compte que ce sont dans les pratiques d’intermédiation et dans les pratiques « RH » (ressources humaines) des entreprises que l’on retrouve les principaux facteurs d’exclusion. Et c’est bien là que nous intervenons, en créant des collaborations durables et en apportant aux employeurs un service d’appui-conseil pour faire évoluer leurs habitudes et les accompagner dans leurs pratiques de recrutement et d’intégration.

Qu’est-ce que le chômage d’exclusion ?

C’est celui qui crée la pauvreté et la précarité, voire qui entraine la désaffiliation sociale par la privation durable d’emploi et la perte de statut, de droits, de ressources mais aussi de reconnaissance. C’est la raison d’être de Transfer IOD®. En France, ce sont surtout des personnes sorties précocement du système scolaire ou peu diplômées qui sont touchées par ces processus.

Que veut dire « l’accompagnement » chez Transfer ?

Accompagner, c’est avant tout faire de la médiation concertée. Il faut impliquer les gens dans la stratégie menée auprès de l’entreprise, les objectifs qu’on va se donner, les ajustements à opérer, comment on va s’y prendre ensemble dans chaque situation, ce qu’on va mettre en avant ou non auprès de l’employeur… Accompagner, c’est aussi partir des besoins des personnes et donc créer les conditions pour qu’elles les puissent les formuler librement et en leurs propres termes. Il ne s’agit pas d’engager quelqu’un sur une offre ou sur une action mais de lui faire des propositions variées et « éclairées » pour qu’il fasse les liens avec ses propres enjeux et attentes. Le choix d’une situation d’emploi doit être restitué aux demandeurs d’emploi eux même.

Pouvez-vous nous expliquer le slogan de Transfer IOD : Personne n’est inemployable ?

C’est une prise de position, pas une vérité ! Il ne s’agit pas d’une affirmation idéologique ou scientifique mais plutôt d’un choix de regard. L’idée n’est pas de décréter que tout le monde est employable mais de réfuter la validité du concept même d’employabilité et de ne plus poser la question en ces termes. Partons des demandes formulées par les chercheurs d’emploi sans les délégitimer et sans prétendre à un diagnostic (nécessairement réducteur) de leurs capacités ou à un pronostic (nécessairement aléatoire) de leurs chances de réussite et mettons en place les conditions de cette réussite dans l’habilitation des personnes et la valorisation de leurs ressources et bien sûr dans la relation avec l’entreprise.



*Intervention sur l'Offre et la Demande