Jean-Emmanuel est le directeur du pôle formation conseil de Transfer IOD®.
Il a découvert la méthode IOD en 1992. Une méthode bien différente de celle pratiquée aujourd’hui, qu’il a participé à façonner et à faire évoluer, d’abord comme chargé de mission IOD® puis comme Formateur et enfin comme directeur avec une équipe de 11 formateur -consultants en charge de l’essaimage de la Méthode IOD.
Ma rencontre avec la méthode.
Je viens d’une formation de sciences politiques qui ne me prédisposait pas particulièrement à investir ce domaine. J’avais une vision très macro-économique du chômage et de l’insertion. En rejoignant Transfer, j’ai pris conscience de l’extrême précarité des conditions de vie des personnes privées d’emploi depuis de longues années et que mon jugement spontané sur leur difficulté à tenir un engagement, à conserver un emploi était empreint de biais cognitifs. En effet, il est illusoire d’agir uniquement sur les personnes pour qu’elles parviennent à retrouver un emploi. La première cause du chômage d’exclusion est liée au fonctionnement du marché du travail qui évince quasi systématiquement des recrutements les candidats sans diplôme et/ou sans expérience et c’est d’abord ce fonctionnement qu’il faut modifier. La Méthode IOD concrétise cette ambition.
En quoi consiste aujourd’hui votre rôle dans le pôle formation IOD® chez Transfer ?
Il y a plusieurs volets dans ma mission qui consiste globalement à organiser l’essaimage de la Méthode IOD : d’abord, réaliser une ingénierie de projet pour accompagner les structures d’insertion, les collectivités, dans l’implantation d’un dispositif de médiation emploi IOD sur leur territoire. Une fois le dispositif lancé, il s’agit de piloter la mise en œuvre de notre accompagnement méthodologique qui articule formation au métier de chargé de mission IOD, soutien à la coordination de l’équipe auprès de l’encadrement de la structure et participation aux instances de pilotage et d’évaluation. Être Directeur formation -conseil chez Transfer, c’est aussi mettre en œuvre avec notre service recherche et ingénierie pédagogique une démarche d’amélioration continue de nos pratiques de formation, et impulser des programmes de recherche-action, d’expérimentations pour répondre à l’évolution des besoins et de l’environnement. Il y a enfin un rôle d’animation du réseau des partenaires IOD.
La formation IOD, qu’est-ce que c’est ?
La formation IOD, au sens large du terme, à vocation à permettre de déployer et d’adapter la méthode à la diversité des territoires où elle peut répondre à un besoin non couvert. Elle se déploie en 3 grandes phases.
1. Analyser les besoins.
Dans le cas d’une demande par un département par exemple, nous présentons d’abord la méthode à la direction de l’insertion pour nous assurer qu’elle peut être a priori une solution aux problématiques d’insertion professionnelle des personnes allocataires du RSA.
Si tel est le cas, nous entrons dans une phase d’analyse des besoins en épluchant les données socio-économiques, en échangeant avec nos interlocuteurs sur les actions déjà en place et leurs effets et en allant à la rencontre des acteurs de l’insertion et du développement économique des territoires potentiellement concernés. Il est très important de s’appuyer sur l’analyse des écosystèmes locaux qui ne sont jamais les mêmes, et de prendre en compte l’existant. A l’issue de cette étape, nous sommes en mesure de proposer un dispositif de médiation IOD adapté aux besoins et ses modalités de déploiement. Cette démarche est également valable, avec des ajustements bien sûr, lorsque c’est un organisme d’insertion qui nous contacte.
2. Choisir l’organisme qui va porter la ou les équipes IOD
Toujours dans le cas de figure ou un Département s’adresse à nous, une fois qu’avec la direction de l’insertion on a trouvé le bon schéma de déploiement, il faut ensuite choisir le ou les organismes qui vont mettre en œuvre le service de médiation IOD. Le fait de rencontrer dans l’étape d’analyse des besoins des structures d’insertion et des acteurs économiques permet souvent d’identifier des organismes volontaires et qui ont les ressources. Il peut arriver aussi que l’équipe IOD se loge dans le service d’insertion du porteur de projet. Tout est encore une fois une question de contexte et de nature des besoins. Dans tous les cas, Il y a un cahier des charges précis que l’organisme devra suivre pour mettre en œuvre le service IOD dans le territoire, et nous serons là pour l’accompagner pas à pas sur toute la durée de l’opération.
3. Former les équipes de médiation IOD et mettre en place un environnement favorable.
Une fois l’organisme choisi, nous apportons un appui pour recruter les chargés de mission IOD et organiser le service, ensuite débute la formation. La particularité de cette formation qui se déroule en plusieurs phases, c’est qu’elle accompagne le dispositif IOD tout au long de sa mise en œuvre. Elle vise simultanément à professionnaliser l’équipe de terrain, à accompagner l’encadrement de l’organisme dans le pilotage opérationnel de l’action et à appuyer le financeur (le département pour rester dans l’exemple choisi) dans le pilotage d’ensemble du dispositif. Il s’agit d’un accompagnement méthodologique complet qui permet de réaliser des ajustements au fil de l’eau, en étant toujours très attentifs à créer un environnement propice au déploiement du dispositif, qui est une condition majeure de son efficacité.
Comment voyez-vous l’évolution de la méthode IOD dans le domaine d’insertion en France ?
Le paysage de l’insertion et de l’emploi évolue très vite. Il faut pouvoir l’anticiper. Nous devrons être encore plus en proximité de nos partenaires et des décideurs publics. Cela passera par le renforcement de notre présence dans les territoires et de notre capacité à faire vivre la communauté d’acteurs que forme le réseau IOD, pour peser davantage dans le débat public, et être toujours plus force de proposition. Concernant la méthode IOD® elle-même, nous devons plus que jamais continuer à la faire évoluer à travers des programmes de recherche action, en réalisant des enquêtes, en y associant nos partenaires, ainsi que les publics et les entreprises accompagnés qui ont une place centrale dans cette démarche d’amélioration continue.
Enfin, pouvez-vous nous donner votre définition de la méthode IOD® ?
Pour moi, c’est d’abord permettre à deux acteurs socialement distants de se rencontrer sans le filtre habituel des procédures de recrutement pour qu’ils puissent échanger avec l’appui d’un médiateur sur la meilleure manière de faire correspondre la demande de travail de l’un (l’employeur) et l’offre de travail de l’autre (le candidat). En ce sens, la Méthode IOD intervient sur les conditions de la rencontre plutôt que sur les deux acteurs pris isolément.